Biographie par Julien Bécourt pour l’album Planisphère. CD/LP /Digital le 21/03/2025 Collaborateurs sur de nombreux projets (ciné-concerts, tournée en Chine avec l’icône avant-folk Emmanuelle Parrenin…) les deux compères Quentin Rollet et Jérôme Lorichon récidivent après le 45 tours Eléphantasme, sorti en catimini sur Ouvré, le label « fait-main » de Fabrice Laureau. Fidèle aux paramètres malléables de l’improvisation, Lorichon délaisse ici la batterie pour tisser une toile électronique, aussi rêche que subtile, autour des jaillissements improvisés de Rollet au saxophone alto et au sopranino. Les oscillations abstraites pulsées par le Buchla font miraculeusement saillir les mélopées en zig-zag de Rollet. Rythmes disloqués, zébrures de sinusoïdes et pulsations lancinantes viennent recouvrir les rondeurs cuivrées de l’instrument à vent, dans une alternance constante entre minimalisme atonal et frénésie dyonisiaque. Bruissements, résonances métalliques, cliquetis de anches ou sussurements expulsés des poumons succèdent à un déluge de grêlons analogiques. Quelque part entre le free jazz et la musique post-industrielle, cet album – enregistré d’une traite et sans overdubs – rappelle par instants la collaboration légendaire entre Wolf Eyes et Anthony Braxton. Mais on pourrait tout aussi bien se figurer une jam session entre Joe McPhee et Morton Subotnick dans la Red Room de Twin Peaks. Une musique palpitante et vibrante, laissant parfois planer l’inquiétude, et dont chaque son – tout comme chaque intervalle de silence – matérialise un univers à part.Si son amplitude touche au cosmique, elle reste néanmoins ancrée dans la matérialité même du geste sonore et gravée dans l’éternel recommencement du ici et maintenant. Les deux musiciens, avides d’expérimentation tous azimut, chamboulent les conventions pour offrir un voyage musical dont l’itinéraire n’est jamais tracé à l’avance et dont la destination demeure connue d’eux seuls. Car cette musique unique en son (non-)genre est avant tout une offrande au temps et à l’espace, un condensé de deux existences qui ne font plus qu’une à travers le son.Dès que le saxophoniste Quentin Rollet, ambassadeur des musiques libres et aventureuses, se met à improviser avec Jérôme Lorichon, multi-instrumentiste et dompteur de synthétiseurs modulaires, on ne répond plus de rien ! Une longue et solide histoire d’amitié s’est nouée entre les deux musiciens qui n’en sont pas à leur coup d’essai et n’ont jamais semblé aussi complémentaires que dans cette battle instrumentale.Jérôme Lorichon – dit Lori Sean Berg, Dr Schönberg ou Cheucheu – est actif dans le circuit indé depuis près de trente ans. Batteur chez les groupes Purr, Berg sans Nipple, Antilles, Capricorne Band, et renfort rythmique de Zombie Zombie, Lorichon est un musicien touche-à-tout qui ne connait pas d’œillères. Son set-up live s’assortit d’un attirail électronique qu’il manipule en temps réel, en complément de percussions ou d’une trompette. Il a notamment accompagné en tournée Jason Glasser, Emmanuelle Parrenin, Don Nino & Françoiz Breut et réalisé des bandes-son pour la mode, les arts plastiques, le cirque ou le cinéma.
Pilier du label Prohibited, sa famille adoptive depuis la rencontre des frères Laureau au début des années 1990, Quentin Rollet est quant à lui une figure incontournable de l’avant-rock français. Après des débuts dans le groupe post-hardcore Prohibition, il monte en 1995 le label Rectangle avec le guitariste de musique improvisée Noël Akchoté. Une cinquantaine de références sortira en vinyle, où se côtoie la crème du free jazz, de l’électro-acoustique ou de la chanson excentrique, de Fred Frith à Philippe Katerine en passant par Derek Bailey, Costes ou Joëlle Léandre. Ses saillies free, reconnaissables entre mille, ont été entendues chez Nurse With Wound, Red Krayola, Zombie Zombie, Pointe du Lac et d’innombrables autres artistes. Une musique de l’instant, perpétuellement en suspens au-dessus de l’abîme, et dont on ressent toute l’agilité et la puissance en live. Depuis quelques années, il a « miniaturisé » son équipement électronique (applis de téléphone, mini-Korg…) qui se coordonne à sa gestuelle. Il ponctue ses phrases mélodiques d’envolées plus bruitistes ou dronesques, en utilisant la technique du souffle continu. En 2017, sous l’impulsion de la violoniste Isabelle Magnon, il monte le label Bisou Records, dédié aux arabesques free ou post-industrielles. Bon vivant devant l’éternel, Quentin Rollet est aussi un amateur de vin nature qui officie depuis une dizaine d’années au célèbre bar Le Baron Rouge à Paris.
EN CONCERT le 19 Mars 2025 à La Marbrerie de Montreuil, avec NLF3 et R/A/D dans le cadre de la célébration des 30 ans du label PROHIBITED RECORDS. Informations & billetterie
Credits :
Quentin Rollet :
Alto & Sopranino saxophones, Korg Monotron Delay
Jérôme Lorichon :
Buchla 208, Percussion synthesizer, Pocket Trumpet , effects
Recorded, mixed and mastered_by Fabrice Laureau in Paris, France.
Drawings by José Maria Gonzalez
Extracts from notebooks 2022-2023,_Untitled, 27x36cm, Acrylic on paper
Live picts © Laurent Orseau
