NLF3


Biographie par Joseph Ghosn / Pict. © Terence Hassen

Des rythmes qui semblent s’élever par un tourbillon d’air, des réverbérations qui durent et hantent longtemps à la façon de fantômes joyeux, des mélodies subreptices qui flottent dans votre esprit, des airs venus d’endroits très différents, égrenés depuis tous les recoins de la planète. Le nouvel album de NLF3 poursuit, en l’affinant, l’histoire de ce groupe français. Une histoire qui débute par une résurrection. Après la fin en 1999 de Prohibition, leur premier groupe, les frères Laureau se sont tournés vers une musique dont la veine prenait un chemin plus désarticulé et libre, tout en étant issue des mêmes racines que leur groupe précédent. À savoir : une musique née dans une idée du rock mais aux cadres plus souples et aériens, ouverts à tous les possibles, incluant une pluralité des horizons. Leur musique, sous le nom de NLF3, se devait dès le départ d’être ouverte vers d’autres formes et esthétiques, capable d’intégrer une diversité de sonorités, survenant selon l’évolution même de leurs goûts, de leurs désirs. Il y a 20 ans, donc, naissait NLF3 dont les premiers enregistrements témoignent à la fois d’une époque et d’une singularité. Puisant dans le contemporain, les premiers disques sous ce nom cherchaient quelque chose au milieu d’une rivière, dont les bords étaient d’un côté l’abstraction pure et de l’autre l’hypnose du rythme. La musique qu’ils enregistrèrent pour le film Que Viva Mexico trouvait le juste point entre ces tendances, créant une matière sonore riche et entêtante. Faisant cela, ils n’ont jamais cédé non plus aux sirènes, continuant à construire leur musique de façon indépendante, mais aussi à la façon d’un creuset capable de mêler les choses les plus lointaines. La force de leur rythmique ? De leur fraternité ? Dans leurs compositions, quelque chose d’entraînant fait effet de centrifuge et d’hypnose, intégrant les divers possibles. En 2024, comment regardent-ils l’époque, comment les regarde-t-elle aussi? Dans leur nouvel album « O Days » ils explorent des façons neuves et des manières réinventées. Entamé durant les confinements de l’année 2020, l’album a d’abord été une suite de fichiers échangés, bricolés à la maison, chacun chez soi. Sur ces démos, on entendait des bruits domestiques, des rythmes enregistrés au gré de la domotique disponible. Ces sons sont-ils restés sur l’album final ? Oui, dans la matière même des morceaux qui vivent à la façon d’univers emplis de sons et de chemins. Les uns avec les autres, ils forment une cosmogonie pulsante, mais aussi, par la force de sa répétition, presque méditative. Les amateurs des Allemands Can ou de quelques brésiliens comme Os Mutantes reconnaîtront là une familiarité revenue vers le vivant, dénuée de nostalgie, habitée par une soif d’être au monde, et s’inscrire de plain-pied dans la matrice même du réel, qui fait rêver et danser en même temps.De quoi NLF3 est-il aujourd’hui le nom ? 

N : de la liberté et de l’expérimentation, des souvenirs et du futur.
F : c’est toujours le nom de ce projet musical commencé en 2000 qui est une entité quasi alchimique et qui inconsciemment maintenant est synonyme pour nous d’un terrain d’exploration et d’expérimentation en commun à 3 sensibilités complémentaires. On ne s’interdit jamais rien tout en étant dans un rapport de confiance.

Comment situer cet album dans vos discographies, en groupe et en solo ?
F : C’est un album particulier qui est marqué de son temps : il s’est construit au départ pendant le confinement très spontanément au jour le jour d’où le titre (O Days) en posant les bases (2/3 pistes chacun) sur des idées envoyées par Nicolas. Puis nous avons retravaillé, re-enregistré pas mal de choses. Avec cette envie d’évoquer, de transporter.
N : c’est l’album le plus abouti de la période 2008 – 2024, une sorte de creuset- assemblage de nous trois, dans l’ADN du groupe.

Quel futur musical cet album annonce-t-il ? 
F: nous ne savons jamais vraiment où nous allons. La complicité, l’énergie et l’ouverture sont assez caractéristiques des moments que nous passons ensemble à créer et à rebondir sur nos idées. Ce sont des moments absolument uniques dans la vie d’un musicien. Nous avons tous nos projets solos qui permettent aussi d’apporter à NLF3 des idées nouvelles. C’est passionnant à chaque fois. J’aime penser à la palette des sons et à comment on peut enrichir ou simplifier ce que nous souhaitons injecter dans notre musique. La musique instrumentale permet aussi beaucoup de choses. C’est donc une aventure qui peut durer encore.
N : l’avenir est incertain mais comme le phénix, NLF3 renaît toujours à un moment.
F : 2024 et 2025 marquent les 20 ans de Que viva Mexico ! que nous allons probablement rejouer ainsi que les 30 ans de notre label Prohibited Records créé en 1995. Ceci me fait penser que notre indépendance est probablement l’un des secrets de notre durée.
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Enregistré et mixé par NLF3 dans divers lieux, dont le Studio des Taisnières, Lyons-La-Forêt, et le Salon de Musique(s), Pantin, France, 2020-2024. Cet album a été démarré pendant le confinement de 2020 en France. Prince One s’intitulait autrefois Day 1, comme le tout premier jour du confinement. Les autres morceaux s’appelaient Day 6, Day 7, Day 9, Day 10, Day 11, Day 12, Day 14. Certains sons et prises de cette période figurent encore sur ce disque.
Fabrice Laureau : basse, kalimba, synthé modulaire.
Nicolas Laureau : guitares, claviers, voix, cannette, boite à rythme.
Jean-Michel Pirès : batterie.

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FR "The French space-rock-kraut outfit just nails it with every new album. They seem to be from a parallel universe anyway, so hopefully at least there NLF3 will lead the charts for weeks to come." 9/10 LOWNDOWN MUSIC

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