Il choisit ses mots avec précaution; et de fait, il s’agit de trouver les mots justes pour parler de ce disque pointilliste et labyrinthique.
F/LOR égrène des images, pour parler de sons. Des impressions, des paysages, des atmosphères. Chez lui, la pratique de la musique emprunte volontiers à l’enfance et parle de ses recherches quotidiennes sur ses machines, qu’il appelle : « mes jouets ». Il parle de son affection mêlée pour les constructions numériques du son 8bits autant que pour le grain des pédales analogiques de delay ou de fuzz.
En 1999, c’est à la faveur d’un travail de composition d’instrumentaux pour un collectif de rappeurs fauchés de Cuba qu’il acquiert son premier sampler/sequencer. Une seule machine, pour dessiner les contours d’un monde foisonnant et à l’économie. C’est là, sans doutes que commence ce travail de collectionneur de sons.
Il cite comme référence l’invitation que le quai Branly avait lancé à NLF3 l’an passé pour fouiller et mixer les archives sonores du folklore mondial, et du sens que ces écoutes ont donné à ses recherches personnelles : le minimalisme des formes peut détailler un territoire sacré, intime ; un langage.
Il parle avec animation de son attachement à la nature, à ses reliefs, ses mutations, ses lumières ; et nous voilà à l’écoute d’un album de musique électronique où tout est texture : froissements métalliques, blocs de bois, résonnances brillantes, respirations, narrations, invitation à la transe comme à l’introspection.
Il a composé par petits bouts des débuts de quelque chose. Comme des phrases, il s’est agit ensuite de les agencer, les superposer, les fondre. Il a été question de leur trouver leur place, leur faire exprimer leur sens. 9 pièces uniques faites de motifs sonores imbriqués, tendus qui fonctionnent comme un seul récit abstrait.
Prenons cet album au pied de la lettre, Blackflakes. Là où se superposent inlassablement des couches de mystères sur l’ordre des choses ; à perte de vue, à perte d’écoute des milliers de flocons noirs. …
Il a été l’un des fondateurs du label Prohibited qui hanta les recherches bruitistes des années 90. Oreille concentrée pour Dirty Three, Yann Tiersen ou Shannon Wright dont il enregistra et produisit des albums. Bassiste inventif et bidouilleur de NLF3, aujourd’hui, F/LOR sort son premier album solo inspiré par les pionniers de la musique répétitive (Steve Reich, Brian Eno, Alice Coltrane ..), rejoignant les formations électroniques actuelles (Boards of Canada, Flying Lotus…). Il ravive par là même la maison Prohibited Records.
In the press
Evidemment, ça ne ressemble à rien de connu à part à du NLF3 ou, pour ceux qui aiment vraiment les sandwiches élaborés, à une sorte de mélange entre Fennesz (avant la muzak), Black Dice et la musique répétitive. Mais en plus pop. Mais en plus bizarre. Mais en plus pop. C’est bien.
Ce chiptune, fait de jeux de pitch et de stretch, de beats branlants et géniaux, rappellerait Fuck Buttons ou The Field, avec une palette de sons plus large.